Entretien avec Diana Sfeir Fadel: une pionnière dans la lutte pour l'environnement et le développement éco-durable au Liban

À l´occasion de la Journée internationale des femmes, la fondatrice de Fondation Diane, partenaire incontournable de SCP/RAC dans le cadre du programme Entreprenariat Vert de SwitchMed au Liban, se confie sur son engagement pour le développement éco-durable ainsi que le rôle que les femmes ont à y jouer.

Publié le Lundi 08 Mars 2021· MISE EN RÉSEAU

Le Liban est une terre exceptionnelle de par son patrimoine naturel unique – ses montagnes, ses forêts de cèdres, son littoral ou encore son climat méditerranéen. Inutile de s´éloigner de ses grandes villes pour pouvoir en admirer les beautés. Consciente de ces innombrables richesses ainsi que de leur relative fragilité, Diana Sfeir Fadel a fait de l’environnement son combat et du développement éco-durable le pilier de sa fondation, Fondation Diane.

Ambitieuse de faire de son pays un pionnier au Moyen-Orient en matière de développement éco-durable, Diana a fondé son ONG en 2012. Elle poursuit trois objectifs principaux : éduquer, mobiliser et investir. La fondation a pour mission de créer une conscience civique et d’accroître le développement éco-durable à travers quatre piliers complémentaires : une plateforme d’investissement vert, un cercle civique, un incubateur industriel et une chaire de l’éducation à l’éco-citoyenneté et au développement éco-durable : « Pour faire du développement éco-durable, il faut un bon citoyen. S’il n’est pas bien informé, convaincu et mobilisé on ne peut pas parvenir au développement éco-durable dans le pays ». Sur le terrain, Fondation Diane agit en apportant son soutien aux entreprises vertes. Quatorze start-ups sont actuellement suivies quotidiennement. Diana n´a investi que dans des projets qu’elle définit très jeunes et risqués mais elle leur fait confiance. Cette audace se traduira nécessairement par des pertes de fonds personnels. Malgré cela, elle n’hésite pas à aller de l’avant et est fière de ce qu´elle accomplit au jour le jour avec son équipe. Elle confie que plus de la moitié des start-ups devrait être viable, un chiffre au dessus de la moyenne des incubateurs plus traditionnels.

Une femme déterminée peut surmonter tous les obstacles. Diana ne se laisse jamais décourager, quelles que soient les épreuves, y compris les plus dures. Durant l´été 2010, deux mois après avoir débuté un master en développement éco-durable au sein de la prestigieuse université Harvard, aux États-Unis, on lui diagnostique deux cancers qui la contraignent à arrêter ses études. Trois ans plus tard, elle finit par vaincre la maladie et ressort de cette dure épreuve plus forte qu’elle ne l’a jamais été, avec une énergie nouvelle et le désir de consacrer son temps à l’assainissement de l’environnement au Liban.

Intéressée par les questions environnementales depuis son plus jeune âge, de retour au Liban elle est encore plus déterminée à promouvoir le développement éco-durable : une crise des déchets qui s’amplifie le pays, des carrières qui « dévorent » les montagnes, la déforestation qui est monnaie courante, l’absence de plans de restructuration…c´est un véritable choc pour cette amoureuse de la nature profondément attachée à son pays. Elle décide alors de s’investir complètement dans la mission de sa fondation, même si sa contribution à la protection de l´environnement n’est « qu’une petite goutte dans l´océan », Diana sent la nécessité et l’urgence de montrer l’exemple en s’attaquant aux problèmes environnementaux du Liban. « Après moi je veux laisser sur la terre, un sillage environné de lumière » : telles sont les paroles de cette chanson apprise lorsqu’elle était adolescente dans le guidisme qui vont guider ses pas. Elle décide de se consacrer à ce sillage de lumière qu´elle veut laisser derrière elle à travers les actions de Fondation Diane.

Sur le rôle des femmes au Liban, elle confie que les choses commencent à changer. Elle observe que ces dernières sont de plus en plus à la tête d’entreprises vertes, dans le domaine du développement éco-durable, mais cette évolution reste relativement lente. Elle considère que les femmes « sont intelligentes, elles ont des idées et de l’initiative, et quand elles ont l’occasion de montrer ce qu´elles peuvent faire, elles peuvent être très performantes car elles ont une conscience professionnelle très développée ». Cependant, il faut que les femmes investissent davantage d’autres domaines, particulièrement la sphère politique où elles ne sont pas suffisamment représentées : « Les femmes ont un rôle à jouer, directement, indirectement, sur elles-mêmes, sur la société et sur leur entourage et on ne dira jamais assez en combien de points la femme peut être efficace ». Au niveau de la fondation, elle est entourée de femmes de confiance dans son équipe, convaincues comme elle de la nécessité de sortir le Liban de cette situation. Elle encourage aussi les entreprises dirigées par les femmes. La fondation est là pour guider leurs projets et les aider à « développer leurs muscles », pour rendre l’impact de leurs entreprises plus fort.

Pour faire avancer la cause environnementale et le développement éco-durable, Diana a de nombreux projets ainsi que l’envie d´en faire toujours plus. Fondation Diane suit notamment une stratégie de partenariats avec des organisations qui ciblent l’environnement et lui permettent de démultiplier ses actions. Elle collabore ainsi avec SCP/RAC dans le cadre de la mise en place du Partenariat National de Soutien aux Switchers (PNS) du Liban du programme SwitchMed. Ce PNS met en œuvre le programme Entreprenariat Vert de SwitchMed en améliorant la capacité du système national à soutenir les entreprises vertes et circulaires, nouvelles ou existantes, pour contribuer ainsi efficacement au développement éco-durable au Liban.

« Les femmes  sont intelligentes, elles ont des idées et de l'initiative, et quand elles ont l'occasion de montrer ce qu'elles peuvent faire, elles peuvent être très performantes car elles ont une conscience professionnelle très développée. »

Diana Sfeir Fadel, fondatrice de Fondation Diane

« Les femmes ont un rôle à jouer, directement, indirectement, sur elles-mêmes, sur la société et sur leur entourage et on ne dira jamais assez en combien de points la femme peut être efficace. »

Diana Sfeir Fadel, fondatrice de Fondation Diane

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