Depuis 2009, le gouvernement a fourni des incitations à travers Halieutis, un plan national stratégique qui vise à soutenir la croissance et le développement de l’aquaculture et de la pêche durable au Maroc. Parallèlement, dans le cadre du « Pacte vert pour l’Europe », l’Union européenne (UE) cherche à développer une économie bleue durable sur son territoire et dans son voisinage.

« Le Maroc est un partenaire d’exception de l’UE et le Partenariat , signé le 18 octobre 2022, inclut les secteurs de l’économie bleue et offre une opportunité majeure de croissance économique et d’intégration dans les chaînes de valeur européennes et internationales »a déclaré Emmanuel Berck, le Chef adjoint de l’unité des affaires maritimes de la DG MARE de la Commission européenne.

Le 2 février, lors de la 6^ème édition du salon Halieutis à Agadir, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) a lancé deux projets pilotes qui, jusqu’en 2023, visent à promouvoir des processus de production économes en ressources et à entreprendre des démonstrations industrielles innovantes pour améliorer la valorisation des coproduits générés par la filière en produits à haute-valeur ajoutée vers des secteurs porteurs tel que l’industrie nutraceutique, pharmaceutique et cosmétique.

Les deux projets pilotes font partie du volet « économie bleue » du programme SwitchMed financé par l’UE. Dans le cadre de cette composante, une démonstration de modèles d’entreprise, de politiques et de stratégies est réalisée afin de transformer durablement les activités économiques maritimes qui y sont associées, telles que la pêche et l’aquaculture, et de réduire leur impact négatif sur les écosystèmes marins et côtiers.

« Je suis ravi d’être ici avec vous aujourd’hui, le projet SwitchMed est une véritable preuve de notre engagement commun vers ces objectifs », a déclaré Emmanuel Berck.

Selon Benoît Wuatelet, le Chef de l’équipe économie bleue de l’ONUDI, « chaque progrès qui peut réduire l’impact environnemental et contribuer à la préservation des écosystèmes marins permettra de construire une stratégie à long terme pour l’avenir du secteur de la transformation des produits de la pêche au Maroc. »

Les résultats de la première phase du programme SwitchMed (2014-2018) ont indiqué que les industries de transformation du poisson dans la région fonctionnent en dessous des benchmarks internationaux, avec des pertes en matières premières s’élevant à 50 à 60 % et un potentiel d’économies importantes en matière de consommation d’énergie et d’eau.

Pour relever ce défi, l’un des projets pilotes démontrera le potentiel d’optimisation d’efficacité des ressources dans l’industrie de la congélation, de la mise en conserve et de la farine/huile de poisson. Le projet pilote comprendra un audit interne des lignes de production de CIBEL, une importante entreprise marocaine de transformation du poisson, afin d’identifier les flux prioritaires (matières premières, eau, énergie) et de révéler les sources d’inefficacité pour proposer une série d’options visant à améliorer les performances en matière d’efficacité.

En outre, l’ONUDI et ses partenaires vont entreprendre un programme de formation et de sensibilisation des professionnels de la chaîne de valeur de la transformation des produits de la pêcheau Maroc afin d’introduire des technologies et des processus éco-innovants qui peuvent accompagner la mise en œuvre dee processus production économes en ressources.

Une étude cartographique des déchets commandée par l’ONUDI en 2021 a souligné que les branches de la mise en conserve et de la congélation du poisson génèrent environ 94% des 280 000 tonnes de co-produitsque le secteur produit annuellement. Ces co-produits sont principalement destinés à être transformés en farine et en l’huile de poisson, avec une valeur nationale limitée pour l’industrie marocaine de la transformation du poisson.

Sur la base de ces résultats, le second projet pilote, en collaboration avec l’Institut National de Recherche Halieutique et une équipe d’experts nationaux et internationaux dirigée par PROCIDYS, démontrera le bien-fondé de la valorisation des coproduits du poisson en produits à plus forte valeur ajoutée dans les unités de transformation du poisson et de farine/huile de poisson.

« Ces deux projets pilotes pourraient aider l’industrie à devenir plus rentable, à diversifier son portefeuille de produits, à créer de nouveaux emplois, à améliorer la résilience des entreprises et à mieux retenir la valeur des coproduits du poisson dans l’économie marocaine », a déclaré Benoît Wuatelet.

Les données, les informations et l’expérience recueillies dans le cadre des pilotes de démonstration serviront, avec les consultations des parties prenantes, à l’élaboration d’une feuille de route de l’économie bleue pour l’industrie de la transformation des produits de la pêche au Maroc, qui pourra bénéficier à l’ensemble du secteur et fournir des recommandations sur la façon d’appliquer l’efficacité des ressources et des processus innovants de valorisation des coproduits applicable à l’ensemble des industriels de la chaine de valeur.

Cette feuille de route fournira une orientation stratégique et proposera des recommandations et des incitations visant à soutenir une adoption à l’échelle nationale des principes de l’économie circulaire dans l’industrie de la transformation du poisson, conformément à la stratégie nationale Halieutis 2030.

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